Le 30 avril est la journée de sensibilisation aux violences éducatives ordinaires, créée par Catherine Dumonteil Kremer en 2004.
C’est un sujet auquel je suis très sensible dans ma vie quotidienne, personnelle et professionnelle, et dont j’avais envie de vous parler spécialement en ce jour.
C’est aussi un sujet qui peut parfois faire polémique, sur lequel chacun peut avoir un avis différent. Je considère pour ma part tous les enfants comme mes égaux en droits. Mais comme vous pouvez le lire dans chacun de mes articles, et comme je l’exprime lors de mes accompagnements, je ne souhaite pas vous dire “il faut faire cela, vous devez faire comme ceci”. Tout comme chaque enfant est unique, chaque parent est unique aussi. Vous avez le choix d’être le parent que vous souhaitez être, de transmettre à votre enfant les valeurs qui vous sont propres et chères, et de faire ce dans quoi vous vous reconnaissez.
Cet article, comme tous les autres, a simplement pour objectif de vous transmettre des recherches scientifiques, informations, des outils, afin de vous questionner, de peut-être changer de regard, et de trouver la réponse aux questions : “qu’est ce que je souhaite transmettre à mon enfant ? Quel parent est-ce que je souhaite être ? Quelle personne est-ce que je souhaite être ?”. Votre réponse vous appartient, et je la respecte.
Qu’entend on par “violence éducative ordinaire” ?
Pour répondre à cette question, je citerai tout d’abord la définition du Dr C. Gueguen : “Depuis des millénaires et sur toute la planète, les enfants subissent une violence éducative physique et/ou verbale dès la première année. On l’appelle “éducative” parce que les adultes pensent que cette violence éduque les enfants. Elle est dite “ordinaire” parce qu’elle est très souvent quotidienne et considérée comme normale.”
Selon C.Gueguen, cette violence “se manifeste souvent par des paroles dévalorisantes, humiliantes, blessantes, du chantage, des menaces, des moqueries, de la culpabilisation, des gestes brusques et brutaux.
Les adultes poussent l’enfant, le tirent, le frappent, le secouent, le punissent, lui font peur, crient, font les gros yeux. (…) Le fait d’isoler l’enfant, le rabaisser, le rejeter, lui faire peur, l’ignorer, le mettre au coin, lui crier dessus, le laisser pleurer seul, le mépriser.”
Il me semble important d’ajouter que la VEO est plus bien plus qu’une liste de gestes ou paroles à bannir, et que cette liste est non-exhaustive. Selon S. Bourdeverre-Veyssiere, “la chose la plus importante à retenir que ces violences sont issues de la volonté de l’adulte de contrôler l’enfant, sous couvert de bonnes intentions. C’est une violence systémique qui repose sur la domination de l’adulte (et l’obéissance de l’enfant). Du moment où cela relève de la volonté de contrôler l’enfant, sous couvert de “c’est pour ton bien”, on peut y caser tout ce que l’on veut”.
Il existe plusieurs sigles pour parler de violence éducative ordinaire :
- VEO : Violences Educatives Ordinaires au pluriel.
- OVEO : Violence Educative Ordinaire au singulier (pour souligner le caractère systémique de cette violence).
- VDEO : Violences Educatives dites Ordinaires (pour insister sur le fait qu’aucune violence n’est éducative).
Quelle que soit l’appellation que l’on utilise, l’important est de réaliser qu‘”aucune violence n’est éducative, et que celle qui est infligée aux enfants est systémique”.
Quelques chiffres
Selon la Fondation pour l’enfance, 85% des parents français auraient recours à des violences dites “éducatives” : punitions, humiliations, isolements, cris, mais aussi fessées et claques.
85% des enfants, en France, sont donc concernés par cette violence.
Mais l’OVEO, Observatoire de la violence éducative ordinaire, qui œuvre pour la sensibilisation des parents, professionnels, et politiques à la VEO et son impact, estime que 100% des jeunes y sont confrontés.
La loi sur les violences physiques et psychiques
En juillet 2019, après 43 autres pays, dont 27 en Europe, la France a voté la validation de l’article 371-1 du code civil, selon lequel « L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ».
La Suède avait été le premier pays au monde, en 1979, et ce pays en a été transformé très positivement.
Cette loi marque une avancée, mais de nombreux chercheurs, professionnels, et parents n’en sont pas satisfaits, et estiment que cela n’est pas suffisant. Selon C.Gueguen, cette loi “n’est pas du tout explicite. Cette proposition de loi ne définit pas ce que sont les violences physiques et psychologiques. Or, pour beaucoup d’adultes gifler, tirer les cheveux, secouer etc… ne sont pas des violences. Ils pensent également qu’une humiliation verbale comme « Tu es nul ! Ce n’est pas bien ce que tu fais etc… », menacer, punir, faire peur ne sont pas des violences mais de l’éducation. Il aurait fallu définir dans la loi ce que sont les Violences Educatives Ordinaires comme cela est fait dans beaucoup d’autres pays.”
De plus, cette loi “ne concerne pas tous les lieux de vie : elle ne s’adresse qu’aux seuls détenteurs de l’autorité parentale, or dans la journée les enfants subissent beaucoup d’humiliations verbales, des punitions dans tous les lieux où ils vivent”.
Les conséquences de la VEO
Comme vous pouvez le voir sur cette affiche, les conséquences sont nombreuses. Pour compléter ce document, j’aimerais en développer quelques unes.
- Sur le développement du cerveau de l’enfant :
Depuis plusieurs années, de nombreux chercheurs scientifiques (Martin Teicher, Anne-Laure Van Harmelen, Ming Wang, Allan Schore, Anne Polcari, Rebecca Waller, Nancy Eisenberg,..) ont démontré que les les effets négatifs sur le cerveau sont importants, et atteignent des structures cérébrales et des des circuits cérébraux essentiels pour le bon fonctionnement du cerveau : cortex frontal, hippocampe, corps calleux, cervelet, circuits reliant le cerveau supérieur au cerveau émotionnel et archaïques. Il en résulte de vrais troubles du comportement : les enfants souffrent d’agressivité, d’anxiété, de dépression, puis plus tard, à l’âge adulte, ils pourront développer des comportements à risques“.
Nous savons donc “maintenant que les paroles blessantes, dévalorisantes, les punitions, les menaces, l’exclusion, les gestes brutaux, comme bousculer, tirer les cheveux, les oreilles, gifler, tout cela peut entraîner des anomalies cérébrales dans des parties importantes du cerveau de l’enfant, et provoquer de nombreux troubles du comportement : agressivité, anxiété, dépression, et plus tard des risques de délinquances, d’addictions à l’alcool, aux drogues, des suicides. Les études ne laissent aucun doute sur ces conséquences graves.
Ce retentissement cérébral perdure à l’âge adulte et perturbe la personne dans sa façon de vivre, sa relation aux autres, sa capacité à s’épanouir et à mener une vie en rapport avec ce qu’elle souhaiterait.“
De plus, “les récompenses sont un conditionnement. Elles incitent l’enfant à obéir. C’est un piège car l’adulte est satisfait, il obtient ce qu’il souhaite sur le moment. Mais l’enfant se perd, ne construit pas sa propre identité. Les parents veulent, à juste titre, qu’il devienne autonome, c’est à dire responsable de ses actes. Les récompenses ne le rendent pas du tout responsable de ses actes, mais dépendant de la récompense qu’il souhaite obtenir.”
- Sur le sens éthique pour l’enfant :
La VEO entraîne aussi chez l’enfant une confusion des règles éthiques.
“Il se dit “On a le droit de faire du mal pour faire du bien”. L’adulte fait ce qu’il lui interdit de faire ! “Ma mère a le droit de me frapper, mais moi je n’ai pas le droit de frapper, et en plus, elle le dit qu’elle le fait pour mon bien, alors que cela ne me fait pas du bien… Je n’y comprends rien.”
- Pour la société :
“La violence subie apprend à l’enfant à régler les conflits par la violence et le rapport de force. Les châtiments corporels apprennent à l’enfant que l’on peut être frappé parce que l’on est aimé ou que l’on peut frapper parce que l’on aime quelqu’un. Les violences deviennent aussi la norme, favorisant leur reproduction ultérieure, à la fois dans la sphère familiale et au-dehors. La violence intra familiale contribue ainsi à la déliquance à toute la société.
Quand un enfant est élevé à coups d’humiliations, le plus souvent, il ne se révolte pas contre ses parents, mais toute cette violence accumulée se déverse sur ses frères et soeurs, ses copains de classe, puis, plus tard, sur le conjoint et ses propres enfants.”
Les causes pouvant entraîner le recours à la VEO
- La reproduction des schémas :
Les recherches et apports sur l’impact de la violence éducative ordinaire sur l’enfant sont récentes. Nos parents, et les générations précédentes, n’y avaient pas accès. Ils pensaient bien faire et que cette violence était “la meilleure éducation”. La majorité des adultes que nous sommes ont dont été élevés et éduqués par des punitions, des menaces, de récompenses. Lorsqu’ils deviennent parents, ces adultes reproduisent les schémas de ce qu’ils ont vécu, la façon dont ils ont eux-mêmes été élevés. Il est parfois difficile, voire douloureux, de remettre en cause la façon dont nous avons été élevés et de la remettre en question.
- Les fausses croyances sur les vertus éducatives de ces méthodes :
Par amour pour leur enfant, les parents, et l’entourage de l’enfant, ont envie de bien faire. En utilisant les VEO, ils pensent “bien faire”. Comme leurs propres parents, et les générations avant eux, ils pensent que c’est la meilleure façon de faire, la meilleure façon d’éduquer, pour que l’enfant devienne quelqu’un de bien, pour qu’il progresse, qu’il apprenne, et se comporte bien. De nombreux adultes pensent, encore aujourd’hui, que les punitions sont indispensables à une “bonne éducation”.
De plus, on entend aussi souvent que ne pas avoir recours aux violences éducatives ordinaires revient à “être laxiste”, et que “l’enfant deviendra un enfant roi ou un enfant tyran”, “qu’il manipulera ses parents”.
Selon C.Gueguen, “Cette conception de l’enfant-tyran ne peut plus tenir au regard des connaissances actuelles sur l’immaturité, la fragilité et la vulnérabilité du cerveau lors de la petite enfance.”
Elever un enfant sans violence éducative ordinaire, sans domination, sans “contrôle sous couvert de bonnes intentions”, ce n’est pas élever un enfant sans cadre et sans limites, bien au contraire. En tant que parent, membre de la famille, professionnels, nous sommes là pour assurer la sécurité affective et physique des enfants que nous accompagnons. Cette sécurité nécessite des limites, et des interdits. Cela signifie, à mes yeux, que les émotions et les besoins de chacun, enfants, mais aussi adultes, sont prises en compte. Et cela passe aussi par un cadre, et le respect de chacun.
- Les méconnaissances sur le développement de l’enfant :
Les fausses croyances, et la reproduction de schémas, sont aussi le fruit du manque de connaissance sur les stades de développement de l’enfant et les effets négatifs de la VEO. Si tous les adultes prenaient connaissance de cela, ils prendraient alors conscience de l’impact de leurs gestes, et de leurs paroles, et ne reproduiraient plus ce qu’ils ont vécu “sans réfléchir”.
Cela est d’ailleurs le souhait de nombreux professionnels et chercheurs, notamment par le biais d’une véritable loi contre la VEO, qui permettraient de prendre conscience des effets sur le développement de l’enfant.
Nous savons aujourd’hui qu’un enfant n’est pas en capacité de maîtriser ses émotions avant l’âge d’au moins 6 ans, et que son cerveau n’est complément mature qu’aux alentours de 25 ans.
Cette donnée, et toutes les autres recherches en neurosciences et les nouvelles connaissances que nous avons, nous permettent de changer complètement notre vision.
- La fatigue :
Nous sommes tous des êtres humains, avec nos émotions, notre passé, nos blessures, et nos journées plus difficiles que d’autres.
Dans une société qui en demande toujours plus, et face à un enfant, qui parce qu’il est tout simplement un enfant, est souvent saisi de “tempêtes émotionnelles” et d’une vitalité immense, comment ne pas craquer, comment ne pas être soi-même aussi pris d’une tempête émotionnelle, et se mettre en colère ?
Un parent, ou un professionnel qui a recours a des violences est souvent un adulte fatigué, épuisé, qui a besoin de souffler, de respirer, et d’être relayé.
Et il est souvent plus facile de défouler ses nerfs sur un enfant, qui réagira moins violemment qu’un adulte.
- Une violence engendrée par la société :
Comme nous l’avons vu plus haut, la VEO relève d’une approche systémique. En légitimant les rapports de force et la domination, la VEO engendre la violence de la société et la violence dans la société.
De plus, les injonctions, la pression, la charge mentale, personnelle et professionnelle, que vivent les parents, et les professionnels, dans notre société actuelle peut mener vers l’épuisement, et le recours aux violences.
Comment changer de regard et de posture ?
- En prenant conscience :
La prise de conscience est déjà un immense pas vers le changement.
Comme je le disais plus haut, remettre en cause des années d’éducation, des années de discours, peut être difficile et douloureux. En prendre conscience, et vouloir se remettre en question, est déjà une grande avancée.
- En s’informant, pour acquérir des connaissances sur le développement de l’enfant :
Le meilleur moyen de mettre à mal nos croyances, parfois très ancrées et de trouver des alternatives à la VEO, est seulement moins de s’informer. Il existe différents moyens de s’informer :
- Par des lectures :
- Les ouvrages du Dr Catherine Gueguen (Lettre à un jeune parent, Pour une enfance heureuse, Vivre heureux avec son enfant) sont, selon moi, des mines d’or concernant le développement de l’enfant est l’impact des VEO. Avec une immense bienveillance envers les parents et les enfants, elle explique, sur les bases des recherches en neurosciences, en quoi le cerveau de l’enfant a besoin d’empathie pour développer au mieux ses capacités intellectuelles, affectives et émotionnelles.
- Le manuel de survie des parents, de Héloïse Junier, est un ouvrage qui vient, selon moi, compléter les apports, plus théoriques de C.Gueguen, par des outils concrets.
- Les ouvrages d’Isabelle Filiozat sont aussi d’une très grande richesse. Son livre “Au coeur des émotions de l’enfant“ est selon moi un incontournable.
- Je vous suggère aussi vivement la BD “Et si on changeait d’angle ?” de Fanny Vella. Tout est dans le nom… Je ne vous en dis pas trop, et vous laisse la surprise de la découverte.
- Je vous invite aussi à découvrir la communication non violente et l’écoute active (“les mots sont des fenêtres” de M. Rosenberg) ainsi que les ouvrages de Faber et Mazlish.
- Il existe encore de nombreux ouvrages autour de ce sujet : les ouvrages de Catherine Dumonteil-Kremmer, Soline Bourdeverre-Veyssière (J’ai confiance en toi, Moi aussi j’ai des droits, accompagner les émotions de son enfant), ainsi que de Christine Schuhl, de Daniel J. Siegel, …
- Je prévois aussi d’écrire des articles autour du développement de l’enfant, des émotions, de la communication, que vous pourrez retrouver sur mon blog.
- Par des podcasts :
- Parce que nous ne sommes pas tous des amateurs de lecture, il existe aussi de nombreux podcasts très complets et riches, que vous pouvez retrouver en ligne.
Le podcast de “La matrescence” est un de mes podcasts préférés sur la parentalité. Je vous suggère l’épisode 16 avec le Dr Catherine Gueguen, l’épisode 26 avec Héloïse Junier, l’épisode 82 autour du burn-out parental et bien d’autres encore.
- Parce que nous ne sommes pas tous des amateurs de lecture, il existe aussi de nombreux podcasts très complets et riches, que vous pouvez retrouver en ligne.
- Par des vidéos :
- Vous pouvez aussi retrouver des vidéos, extraits de conférences, de différents auteurs cités plus hauts.
- Il existe aussi des cours ou long métrages que vous pouvez retrouver en ligne, tels que “Même qu’on naît imbattables”, qui a pour objectif d’éveiller nos consciences en présentant les bénéfices que la loi passée en Suède en 1979 interdisant les châtiments corporels a eus sur les mentalités suédoises.
Vous pouvez aussi regarder le documentaire “The beginning of life” sur Netflix ou la série “Babies”.
Ces lectures, vidéos, recherches, réflexions, vous permettront de découvrir de nouvelles alternatives, et de reconnaître les besoins de votre enfant, de pouvoir y répondre, et d’accompagner ses émotions, tout en respectant les vôtres, et en osant les exprimer.
- Etre empathique et bienveillant envers soi-même :
Autorisez vous à souffler, à passer le relais lorsque vous en ressentez le besoin, et à prendre du temps pour vous. Lorsque l’on devient parent, on a tendance à s’oublier. Répondre aux besoins de votre enfant et être empathique et bienveillant envers lui ne signifie pas que vous devez occulter vos propres besoins.
Autorisez vous aussi à exprimer vos émotions, et à les accueillir. Vous avez le droit d’être en colère, angoissé, agacé, lorsque votre enfant est pris d’une tempête émotionnelle, qu’il se met à crier, taper, ou agir d’une façon qui vous dérange et vous touche.
Trouvez vos ressources pour extérioriser ces émotions : exprimez les (à votre conjoint, votre enfant, une personne de confiance), sortez prendre l’air, faire du sport, tapez sur des coussins, dansez, prenez un moment seul sans votre enfant, demandez de l’aide, et tentez de comprendre d’où vient cette émotion, offrez-vous de l’amour. Dirigez vous vers ce qui vous fait du bien et vous aide.
Acceptez aussi qu’aucun parent n’est parfait. Nous faisons tous des “erreurs”. Nous sommes tous faillibles. “Aujourd’hui c’est toi, demain ce sera moi”. Parfois, la colère monte, les gestes et les paroles, incontrôlables, surviennent. Cela arrive, et cela ne fait pas de vous une “mauvaise mère” ou un “mauvais père”. Lorsque cela arrive, je vous invite à vous excuser auprès de votre enfant : “je suis allé(e) trop loin, je suis désolé(e)”, et à lui expliquer pourquoi vous avez réagi de telle sorte, mais que vous n’auriez pas du, et que “punir, frapper, crier, est interdit”. Cela lui permettra aussi de comprendre que nous sommes tous des êtres humains, imparfaits, et remplis d’émotions.
“Si vous culpabilisez en lisant ces lignes, vous vous inquiétez d’avoir puni, pratiqué le chantage, les menaces, sachez que rien n’est perd. La prise de conscience est déjà beaucoup. Si vous changez d’attitude, devenez empathique, bienveillant, votre enfant se transformera positivement et rapidement.”
Etre empathique envers soi-même, c’est aussi oser se manifester lorsqu’un membre de l’entourage agit de manière “violente” avec notre enfant, par ses gestes ou ses paroles. Ces situations peuvent nous toucher, et peuvent parfois être difficiles à vivre.
Dans ces moments là, je vous invite dans un premier temps à parler avec l’enfant, mettre des mots sur ce qui a été vécu ou dit, l’inviter à parler de son ressenti, et le rassurer.
Vous pouvez ensuite parler avec l’adulte en question, tout en reconnaissant son système de pensée, son envie de bien faire et son vécu émotionnel, mais aussi en affirmant vos valeurs, en lui proposant des alternatives, et en l’encourageant à s’excuser.
Si la discussion est trop difficile, vous pouvez offrir un livre, envoyer un podcast, ou partager une affiche, ou un petit message subtil autour de l’impact de la VEO.
Il me paraît aussi important de définir vos limites, et ce que vous pouvez accepter de votre entourage envers votre enfant, et ce que vous n’acceptez pas.
Parfois, et même souvent, ce changement de posture peut nécessiter de se faire accompagner, et de travailler sur soi, sur sa propre enfance, et ses propres blessures.
- Une société empathique envers les parents, et toutes les personnes qui accompagnent l’enfant :
Puisqu’elle est systémique, la VEO est un enjeu sociétal. C’est en requestionnant la façon dont les parents, dont les professionnels, sont considérés dans notre société, que nous pourrons avancer et la supprimer. Le changement n’est pas qu’individuel, il est aussi, plus que jamais, collectif.
En accompagnant, en écoutant, en soutenant, en ne jugeant pas, en tendant une main, en adaptant les horaires de travail des parents lors des premières années de vie de l’enfant, en formant les professionnels, en informant, en diminuant les effets des réseaux sociaux, nous permettrons cette avancée. Et nous permettrons à nos enfants de vivre dans un monde dans lequel ils pourront se sentir en sécurité affective et physique, et créer le monde de demain, dans le respect, l’empathie, et la bienveillance.
Pour finir…
“Élever un enfant, c’est se poser cette question : que souhaitons-nous transmettre à nos enfants ? Quand l’enfant est frappé, le geste de frapper est reproduit dans son cerveau, il apprend ce geste. Voulons-nous lui apprendre la violence ? Quand l’enfant est câliné, il apprend la tendresse. Préférons-nous lui transmettre et lui apprendre les gestes d’affection ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’affection, la tendresse se transmettent et s’apprennent, comme leur inverse, la violence. L’enfant nous imite, nous lui transmettons en priorité ce que nous faisons et ce que nous sommes.” Dr Catherine Gueguen
“Quand tu me cries dessus, j’ai peur. J’ai si peur que ma tête et mon corps tout entier se mettent à bouillir. Je n’arrive plus à penser. Si j’arrête ce que je suis en train de faire, c’est juste parce que je suis sidéré. Si tu veux que je comprenne vraiment ce qui est interdit, parle-moi doucement et explique-moi. N’oublie pas que mon petit cerveau n’est pas très développé par rapport au tien. Et que plus tu seras tendre avec moi, plus je serai moi aussi tendre avec les autres quand je serai grand.” Héloïse Junier
Références
- GUEGUEN C., Lettre à un jeune parent, Editions Les Arènes, Paris, 2020
- GUEGUEN C., Pour une enfance heureuse, Editions Robert Laffont, Paris, 2014
- GUEGUEN C., Vivre heureux avec son enfant, Editions Robert Laffont, Paris, 2015
- JUNIER H., Le manuel de survie des parents,
- www.apprendreaeduquer.fr
- www.lesprosdelapetiteenfance.fr
- www.oveo.org
- www.seveilleretsepanouirdemaniereraisonnee.com